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Salut tout le monde ! Je voulais vous parler aujourd’hui du défi que je me suis lancé le week-end dernier : partir bivouaquer 2 nuits à vélo dans le froid, avec Rotterdam en ligne de mire.


Pour vous expliquer le contexte, j’ai découvert il y a peu la pratique de l’ultra-cyclisme, notamment via des courses un peu folles comme la Race Across France, une course de 2700 km du Sud au Nord. Son fondateur Arnaud Manzanini est l’auteur du podcast Ultra Talk que j’ai longuement écouté pour m’imprégner des exploits de nombreux sportifs plus inspirants les uns que les autres.

Sans arriver à la cheville de ces barrés de la pédale, cela a fait naître en moi des envies : partir plusieurs jours en vélo et dormir par mes propres moyens en bivouaquant, pour mêler deux approches cyclistes qui m’attirent : l’ultra-cyclisme, c’est à dire parcourir un grand nombre de kilomètres en un temps restreint, et le bikepacking, le camping à vélo. Comment allait réagir mon corps après de longues journées sur le vélo ? Comment allais-je gérer mon alimentation ? Le matériel ? Le sommeil ? La navigation ? Les imprévus ? La prise de photos et de vidéos ? J’avais envie de trouver des éléments de réponses à mes questions.

J’ai donc ouvert une carte et j’ai regardé les destinations aux alentours de Lille que je pouvais visiter. Je désirais découvrir Rotterdam depuis quelque temps et ce fut donc ma destination. Le premier port européen se trouvant à 230 kilomètres de Lille, faire l’aller-retour en deux jours était un peu ambitieux pour commencer. C’était décidé : j’allais partir le vendredi soir et faire le plus de kilomètres possibles avant de dormir.

Jour 1. Lille-Anvers : 150 km

Après être rentré de ma journée de travail, j’ai mangé un bout avant de monter sur le vélo. Au menu : des os à moelle et de la poitrine fumée. Elémentaire mais contenant tout ce dont j’avais besoin pour pédaler : des protéines et des matières grasses. J’ai ensuite terminé la préparation de mon vélo et je suis parti à 18h. Mon objectif était d’atteindre la ville belge d’Anvers. J’ai démarré de nuit, et après avoir subi une petite averse en sortant de Lille, je prenais mon rythme de croisière le long de l’Escault. Alors que je suis habitué aux efforts d’endurance relativement courts (de moins de deux heures), je devais apprendre à rouler doucement, à garder ma fréquence cardiaque basse. Ma vitesse se situait entre 20 et 25 km/h.

Les conditions étaient bonnes, les températures douces et le vent timide, l’idéal pour rouler sans trop se fatiguer. J’ai donc continué ainsi sans m’arrêter jusqu’à arriver à Anvers après 150 km à 1h du matin. Je devais alors trouver un endroit pour dormir : pas évident lorsqu’on est en pleine ville mais j’ai trouvé un parc et j’ai pu poser mon duvet à même l’herbe pour m’endormir. La nuit fut fraiche mais relativement supportable, et même si je me suis réveillé à de nombreuses reprises, j’ai dormi jusqu’à 6 heures du matin, prêt à entamer une journée qui s’annonçait longue.

Jours 2. Anvers-Rotterdam-Flessingue : 240 km

Avant de partir, je fait un point rapide sur mon itinéraire. J’estimais le total du week-end à environ 480 kilomètres et il m’en restait donc environ 340 à parcourir, avec 20 minutes de ferry entre Rotterdam et Lille. Je me suis donné des objectifs intermédiaires pour ne pas avoir le vertige mais j’ai pensé un moment que c’était réalisable en une étape et que j’aurais pu arriver à Lille au milieu de la nuit de samedi à dimanche. Mon premier objectif était le village de Kinderdijk, à 15 kilomètres de Rotterdam. En partant d’Anvers à 7 heures, j’estimais pouvoir y arriver à 11 heures, car mon GPS me donnait une distance à parcourir d’environ 70 kilomètres.

Ce que j’ai découvert par la suite, c’est que mon GPS me donnait la distance vers la destination à vol d’oiseau, et qu’une fois qu’il avait calculé l’itinéraire, celui-ci était en réalité bien plus long ! Mes 70 kilomètres se sont transformés en 100 et je suis arrivé bien plus tard que prévu dans ce village connu pour ses paysages de cartes postales et ses moulins.

Si je n’ai pas encore parlé d’alimentation, c’est que je n’ai rien avalé depuis mon départ. Le soir, je n’ai pas ressenti de faim avant de dormir et j’ai décidé au réveil de continuer à rouler un peu. Même si la faim était là en fin de matinée, j’ai roulé presque 250 kilomètres avant d’enfin manger vers 12h30 ! L’alimentation cétogène est incroyable pour cela, car elle permet d’être actif longtemps sans baisse de régime dûe à un manque de sucre.

Arrivé à Kinderdijk, j’ai pu profiter du magnifique paysage de moulins avant de me reposer au chaud dans un café. J’ai ensuite pu enfin manger le contenu de ma boite : de la couenne de porc grillée maison (un délice, il faut que je vous partage la recette !), de la poitrine de porc et une part de flan aux poireaux (œufs, crème, fromage, poireaux). Une fois bien rassasié, j’ai repris la route pour Rotterdam ou je suis arrivé aux alentours de 15 heures.

La ville a l’air splendide, avec ses nombreux ponts, son architecture tantôt historique et tantôt moderne, ses rives… Mais pour être honnête avec vous, j’avais en tête la route qu’il me restait à faire et je ne voulais pas partir trop tard. Malgré tout, je devais recharger mes batteries d’appareils car sans mon GPS ou mon téléphone, je ne pouvais pas m’orienter sereinement. Je me suis donc reposé 45 minutes dans un café et suis reparti à 16h après 2 cafés longs et 2 eaux pétillantes.

Mon objectif suivant était la ville de Flessingue, dans laquelle je devais traverser un bras de mer en ferry. En regardant l’itinéraire, je découvre que je dois arriver à environ 21h15 après avoir parcouru 90 kilomètres à ma vitesse de croisière alors que le dernier ferry est a priori à 21h38. Je réalise qu’il va falloir que j’accélère pour prendre de la marge et je m’engage dans une course contre le temps de plus de 4 heures. Je ressens la fatigue de la journée car j’ai plus de 150 kilomètres dans les jambes mais je réussis à tenir le rythme et je pense être dans les temps. Pendant mon avancée, je réalise que rejoindre Lille de nuit après la traversée est un objectif trop ambitieux et qu’il est préférable que je dorme avant de repartir. De plus, j’en ai marre de rouler de nuit et je n’ai pas envie de prendre de risques de sécurité ou de devoir gérer mes recharges d’éclairages. Je décide donc de trouver un endroit pour dormir après avoir pris le ferry, pour repartir le lendemain matin.

Malheureusement, alors que j’arrive dans les temps, je ne trouve pas l’embarcadère dans la ville. Je demande à un passant qui me dit qu’il est de l’autre côté de la ville, je repars dans l’autre sens à toute allure… J’arrive à l’embarcadère vers 21h30, tout est fermé, je fais le tour du bâtiment un peu paniqué et je vois un employé sortir par la porte de service :

-Hello, is there any ferry this evening?
-No, it’s finished until tommorrow morning.
-Oh, and when is the first one tommorrow?
-At 7:45 I guess.

Je réalise que j’ai dépensé beaucoup d’énergie pour rien et je suis déçu, mais je prendrais le premier ferry du lendemain matin et mes deux prochaines missions sont de manger (enfin !) et de trouver où dormir.

J’ai froid et je me pose dans la gare pour manger ma poitrine de porc et mon flan aux poireaux au chaud. Je repars ensuite à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Je trouve rapidement deux arbres bien placés pour y installer mon hamac : il m’offrira un peu de confort cette nuit là et je fais bien car je dors finalement sous une pluie soutenue, relativement abrité par le hamac et mon sac de couchage, mais surtout isolé du sol détrempé. Je me réveille à 3 heures du matin, les yeux grands ouverts, et je programme à ce moment là mon réveil pour 7 heures du matin puis me rendors à peu près jusqu’à la sonnerie. Il est temps de plier bagage et d’aller prendre le ferry pour Breskens, sur l’autre rive.

Jour 3. Breskens-Lille : 120 km

Le ferry possède une soute aménagée pour les vélos et je suis une nouvelle fois épaté par les efforts faits pour les deux-roues en Belgique et aux Pays-Bas. J’y ai parcouru 80% de mon itinéraire sur des pistes cyclables totalement séparées de la circulation, parfois sans aucune route aux alentours. 50 kilomètres avant Anvers, des panneaux à chaque intersection m’y ont accompagné en m’informant de la distance restante. La même chose 80 kilomètres avant Rotterdam. Quel chemin nous avons à parcourir en France !

Je profite des prises spéciales vélos électriques de la soute pour recharger une dernière fois mon compteur GPS Garmin, je regarde le ciel s’éclaircir doucement au dessus de l’écume et nous débarquons après 23 minutes.

Il ne me reste plus que 120 kilomètres jusqu’à Lille. Je suis un peu fatigué. Je pense que l’accélération de la veille au soir m’a légèrement entamé. Aussi, je passe la majeure partie du temps avec les doigts complètement gelés. Je n’ai plus de sensibilité et j’ai hâte que cela cesse, je n’ai plus la motivation d’allumer ma Gopro et je me traine un peu. Sur la route, vers 11 heures du matin, un panneau indique 3°c et l’humidité et la brise glaciale n’améliorent pas la température ressentie. J’arrive à Lille aux alentours de 14h30. J’ai réussi !

Conclusion

Après plus de 500 kilomètres en trois étapes, j’ai eu un bon aperçu de ce qu’était le bikepacking, de la préparation physique qu’il exigeait, le matériel nécessaire, les petits détails qui pourraient m’aider à l’avenir… Le rapport au temps et aux priorités est chamboulé : on se met en mode survie et seul avancer, manger, se réchauffer et dormir importent, au point que toutes les futilités sont écartées (par exemple, j’avais souvent eu du mal à trouver la motivation pour faire des images alors que j’avais faim et froid).

En terme d’alimentation, le régime cétogène m’a encore une fois montré qu’il était possible de pédaler de nombreuses heures sans baisse de glycémie, et que même une faim intense n’était pas un frein à la progression, ce qui est incroyable !

En conclusion, cette parenthèse dans le quotidien a été une superbe expérience, car j’ai découvert que l’on peut partir à l’aventure en un week-end seulement. La prochaine fois, on part où ? J’ai déjà ma petite idée…

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Olivier Maria

Je cours et pédales des heures sans risquer l'hypoglycémie et avec une énergie infinie grâce au régime cétogène, une alimentation zéro-sucre et pauvre en glucides. J'ai accompagné des centaines d'athlètes dans leur transformation.

4 Commentaires

  • marie dit :

    bravo pour votre parcours jeune homme un regal de vous lire et de suivre vos aventures et merci pour toutes vos recettes excellentes

  • Solilylou dit :

    Admiration. Oui, l’aventure est à portée de main. Vidéo très sympa, ça me conforte dans l’idée de tenter le bikepacking (mais en mode tranquille, pas extrême), sauf que moi je suis loin d’en avoir le profil: surpoids, pas sportive…. Mais j’y travaille. Et des posts comme le tien sont inspirants! Merci!

    • Olivier Maria dit :

      Merci beaucoup pour ton commentaire !

      Chacun peut se lancer et adapter la pratique à son niveau ! Nul besoin de faire des centaines de kilomètres pour se faire plaisir !

      Bonne journée, Olivier

  • Niculae dit :

    Bravo ! Merci pour le partage. Ça donne vraiment envie d’aller de Lille à Rotterdam en velo.

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