Skip to main content
5
(2)

Dimanche premier décembre, 8h30 du matin. La foule est compacte, l’excitation est à son maximum, et au coup de pistolet nous sommes 25 000 à nous élancer pour le Marathon de Valence, en Espagne. Cela fait 6 mois que j’attends cet instant. J’y ai pensé de longs moments, je m’y suis projeté lors de mes sorties pluvieuses de l’automne lillois. Malheureusement, mon corps en a décidé autrement et j’ai été contraint d’abandonner au bout de 10 km seulement.


La symbolique du marathon

Un marathon, ce n’est pas n’importe quoi. Cette distance revêt une dimension symbolique que l’on ne peut ignorer. Rappelez-vous la légende de Philipidès, le célèbre messager grec qui serait mort de fatigue après avoir parcouru les 42,195 kilomètres séparant Athènes de Marathon (selon Hérodote, Philippidès parcourut en réalité 250 kilomètres pour rejoindre Sparte depuis Athènes – Wikipedia).

Courir un marathon, c’est entrer dans un cercle de coureurs initiés, c’est changer de statut auprès des autres. Car on n’impressionnera pas ses collègues à la machine à café en ayant couru moins de 16 minutes aux 5 kilomètres. Tout le monde sait courir 5 kilomètres. Par contre, finir un marathon relève de l’extraordinaire pour le néophyte, quelque soit le chronomètre affiché en coupant la ligne.

C’est plein de confiance que je me suis lancé corps et âme dans la préparation de ce marathon : je me suis donné 5 mois de travail pour être prêt le jour J.

Tout ou rien

Je n’ai jamais fait les choses à moitié. Pour le meilleur ou pour le pire, je préfère en faire trop ou ne rien faire du tout. Je n’ai pas dérogé à la règle. Pendant ces 5 mois, je me suis entraîné 6 à 7 jours par semaine, enchaînant les séances et les kilomètres. Mes grosses semaines, je courais entre 100 et 110 kilomètres.

Peu à peu, la forme arrivait, et je me surprenais à tenir des allures élevées sur des longs intervalles, ou à courir un 10 km en 36’24 (à 45 secondes de mon record) pour achever une semaine à 108 kilomètres. Ces périodes de grâce sont magnifiques à vivre autant qu’elles sont rares. On récupère de toutes les séances avec une facilité incroyable, on se sent léger. On prend des risques, on puise dans ses réserves et le corps semble tout encaisser.

Malgré les très bonnes sensations, la fatigue s’accumule, même si les endorphines la font oublier et si l’envie d’en faire toujours plus l’emporte toujours. Environ 2 mois avant le marathon, j’ai commencé à ressentir une gêne en dessous du pied. Au lieu d’écouter ce signal que me donnait mon corps, j’ai préféré mettre de la glace en me disant que ça allait passer. Quelques semaines plus tard, c’était au tour du mollet opposé.

Psychologiquement, ces moments sont durs à gérer. D’un côté, on sait qu’il faut ralentir l’entraînement ou stopper pendant quelques jours. D’un autre côté, on reçoit les programmes hebdomadaires du coach et on ne veut pas rater de séance et abandonner ses partenaires. On se dit qu’il ne reste que quelques semaines et que ça va tenir avant d’entamer les quinze jours de repos pré-compétition.

J’ai tiré sur la corde jusqu’au bout, au point de devoir m’arrêter complètement pendant une semaine, en même temps que je commençais des séances de kiné. La semaine du marathon, mes deux footings de 30 minutes n’auguraient rien de bon mais je touchais toujours du doigt la guérison miracle. J’étais convaincu qu’une fois échauffé, j’irai au bout de la course.

Jour J

Le jour de ma course, j’ai tenu 5 kilomètres proche de mon temps de passage fixé (21’15 au lieu de 21 minutes). Au bout de 7 kilomètres, la douleur devenant trop forte, j’ai dû ralentir. De nombreuses pensées me traversaient l’esprit. Pourrais-je terminer, sans me soucier du chrono, ou devais-je m’arrêter ?

Je n’ai jamais abandonné de compétition. Je pensais que cela ne m’arriverais jamais, qu’une bonne étoile veillait sur moi. Malheureusement, on ne va pas à l’encontre des lois naturelles et j’ai compris que je ne pourrais pas continuer 35 kilomètres ainsi. J’ai passé la ligne du dixième kilomètre et mis le clignotant.

Forcément, je suis déçu. Je me voyais tellement passer la ligne d’arrivée avec un beau chrono. Je sais que je l’avais dans les jambes, au vu des séances que j’avais effectuées. Je suis déçu de ne pas avoir pu montrer mon potentiel. Je suis déçu car j’avais à cœur de montrer que l’on pouvait courir vite avec un régime pauvre en glucides, parce que c’était une motivation supplémentaire.

Une semaine après la course, je ne peux toujours pas poser le pied par terre et vit désormais avec des béquilles. Je suis en train de passer des examens pour connaitre le diagnostic et j’espère me remettre vite d’aplomb !

Mise à jour : le verdict est tombé

J’ai passé des examens le samedi 7 décembre et le verdict est tombé : j’ai une fracture de fatigue au tibia droit, ce qui explique pourquoi je ne peux pas poser le pieds par terre. J’ai pris un gros coup derrière la tête et j’attends maintenant les conseils de mon médecin du sport.

Les enseignements

Coureurs amateurs, nous nous fixons des objectifs ambitieux et c’est ce qui nous donne la motivation de nous entraîner pour devenir plus forts. Mais cela reste un sport, un plaisir, et nous ne jouons pas notre vie. Alors, je relativise !

J’ai appris énormément durant cette préparation, et ça sera mon mot de la fin : je vais revenir plus fort encore, je vais m’entraîner plus intelligemment, sans oublier l’essentiel : l’important est le chemin, et non la destination.

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

Note moyenne 5 / 5. Nombre de votes 2

Olivier Maria

Je cours et pédales des heures sans risquer l'hypoglycémie et avec une énergie infinie grâce au régime cétogène, une alimentation zéro-sucre et pauvre en glucides. J'ai accompagné des centaines d'athlètes dans leur transformation.

Commenter l'article